Nos politiques sont sortis de leur rôle
La loi Macron est passée. De force et sans vaseline.
Nos politiques sont définitivement sortis de leur rôle. Ils ont oublié leur fonction première : être les mercenaires du peuple et faire ce qu’on leur dit sans discuter.
Je suis désolé, mais je ne vois pas d’autre définition pour désigner un politique. Il s’agit d’une personne payée et mise en poste pour régler des affaires selon les ordres que le peuple lui donne.
Mais ce n’est plus ce qu’il se passe aujourd’hui.
La démocratie en a pris un sérieux coup. La Constitution dit à son article 2 : « gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. » Dans la tête d’un individu lambda, cela signifie qu’en 2005, lorsque le peuple vote non à la ratification du traité Européen, le Gouvernement le ne ratifie pas sans son accord 4 ans plus tard.
Cela signifie que lorsque le peuple descend dans la rue pour dire à Sarkozy «non, tu ne touches pas au retraites ! », Sarkozy ne touche pas aux retraites. Il ne fait rien et il ferme juste bien sa gueule.
Des sbires, ni plus ni moins. C’est ce que devraient être nos politiques. Au lieu de ça, il se proclament califes et déploient des militaires dans les rues pour s’assurer qu’aucun « terroriste » ne viendra troubler l’ordre public. En plus, « terroriste », c’est vachement bien, comme on ne définit jamais ce que c’est, on s’assure de pouvoir qualifier de « terroriste » tout ce qui va à l’encontre de la version officielle. Ça permet d’éviter d’avoir à s’occuper des vrai terroristes.
Le problème, c’est le système
Ok, puisque je sens que je m’aventure sur le terrain d’un champ lexical miné, laissez-moi clarifier un peu les choses : non, le FN n’est pas un parti anti-système. Tout comme ne l’est pas le parti anti-sioniste ou quel qu’autre autre parti politique fasciste. Le FN est en fait très satisfait du système. Il en est tellement satisfait, qu’à chaque nouvelle élection, il tente d’en prendre le contrôle. Le système convient très bien au FN qui gagne sur tout les tableaux ; l’équation est toujours la même : soit la FN prend le contrôle du système et obtient ce qu’il a toujours cherché, soit non et ça lui permet, comme à chaque fois de se placer en victime de cet impitoyable système qui l’en exclut et se place comme la voix du peuple face à celui-ci.
Ce que dénonce le FN comme « le système » est en fait le microcosme politique qui en est au sommet. Le FN dénonce une élite de privilégiés comme peut le faire le peuple, même si ses dirigeants n’en sont en fait pas fondamentalement différents. La famille Le Pen est d’ailleurs représentative de ces contradictions : le patriarche, populiste et anti-européen, est pourtant assujetti à l’ISF depuis sa création et profite allègrement des avantages accordés par l’UE en tant que député européen depuis le 17 juin 1984… De même, la famille Le Pen, et surtout Marine, sont prompts à dénoncer le népotisme, ce qui n’a pas empêché la famille de placer un membre de chaque génération en politique. La dernière en date est la fringante Marion qui devient députée à 22 ans alors qu’elle n’a même pas terminé son Master de droit ; mais c’est peu comme pour toutes les grandes dynasties, n’est-ce-pas ? Les études ne sont pas très utiles, de toutes façons, dans 3 ans, on reprend l’affaire de papa (ou de papi, en l’occurrence, ici).
Donc non, le FN ne dénonce pas le système, il en profite abondamment. Ce qu’il dénonce, ce sont les gens qui en sont à la tête. Ou plutôt les gens qui sont plus à la tête du système qu’eux-mêmes ; ceux qui les empêchent d’accéder au haut de la pyramide.
Le problème, c’est le système (bis repetita)
Le problème, disais-je donc, est le système. Le vrai, cette fois. C’est-à-dire, l’ensemble des règles qui régissent les rapports humains au sein d’un État. Il s’agit donc en premier lieu des textes de loi et du premier d’entre eux : la Constitution. Je sais pas combien d’entre vous ont lu la Constitution, mais c’est très enrichissant. J’en ai moi-même lu une partie, mais il faut être conscient que c’est assez abscons à lire. C’est probablement fait pour, d’ailleurs. J’entends par là que c’est mal écrit, dans un français qui se veut littéraire mais qui ne parvient qu’à être pompeux, très cliché et très penché sur la gloire de la France, la destinée Nationale. C’est, ceci dit, très instructif. Nombre de Français connaissent désormais le fameux 49.3 — le décrié article qui, en théorie se tient, mais en pratique permet au Président de faire un peu ce qu’il veut ; comme faire passer une loi qui contient un gros ensemble de contre-sens économiques — mais l’article 18 est, lui aussi, très intéressant :
« Le Président de la République communique avec les deux Assemblées du Parlement par des messages qu’il fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat.
Il peut prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en Congrès. Sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l’objet d’aucun vote.
Hors session, les assemblées parlementaires sont réunies spécialement à cet effet. »
Comprenez : on ne discute pas ce que dit le Président.
La Constitution de la Vème est très orienté sur la personne du Président de la République. Ça a historiquement pour origine le fait qu’elle a été rédigée spécifiquement pour l’exercice du pouvoir par Charles De Gaulle. De formation militaire, il était naturel que celui-ci — qui fut le dernier Président de la IVème et qui fit rédiger la Constitution à ce moment — voulu un pouvoir central fort en sa personne. Cette bizarrerie pour un pays qui se prétend — mais qui n’est pas, je le répète — démocratique pouvait passer lors de sa mandature parce qu’il avait été élevé dans la culture de la grandeur nationale et que la majorité de ses actions a tendu vers cet objectif. Et, bien qu’il ai fait un nombre non-négligeable de stupidités et d’horreurs (comme le traitement des harkis), il s’en est globalement pas trop mal sorti malgré sa politique conservatrice. Le problème, c’est qu’après lui se sont succédé un certain nombre de saloperies moins scrupuleuses, ce qui explique pourquoi le Gouvernement — de droite ou de droite — ne fait que des conneries depuis 40 ans.
La Constitution est pensée pour donner beaucoup de pouvoir au Président. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer que l’immense majorité des phrases du titre II commencent par « Le Président fait […] » ou, « Le Président peut […] ». En fait, l’intégralité du titre II est consacré à la personne du Président. C’est à dire qu’une fois passé les banalités d’usage — déclaration des symboles, hymne et tout le tintouin — le titre le plus important de la Constitution, puisqu’il arrive en second, est consacré à une seule personne du Gouvernement. Étonnant pour une constitution censée établir une démocratie. Et ce titre II donne d’ailleurs au Président certains pouvoirs dont je peine à trouver la justification comme celui décrété par l’article 17 :
« Le Président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel. »
Encore une fois, je ne peux le comprendre autrement que « Président fait ce qu’il veut, y compris outrepasser la loi en invalident les décisions du pouvoir législatif » et en gros : « Le président t’encule ! Et alors !? ». Encore une fois, au moment où de Gaulle prend les rennes au cours de la guerre l’Algérie, je peux comprendre qu’il ai souhaité pouvoir faire grâce à la moitié de l’armée française qui s’était vautré dans la barbarie et la torture. Je peux comprendre qu’il ai effectivement trouvé qu’il eu été un problème de sécurité nationale d’envoyer la moitié de son armée en prison. Mais si l’on peut éventuellement trouver que cet article ait eu une justification, il n’en a plus aujourd’hui et il aurait dû être retiré depuis longtemps.
Que faire ?
C’est une question difficile. Je ne vois pas grand-chose à faire hormis continuer à montrer à ces mercenaires qu’ils outrepassent leur prérogatives, continuer à s’instruire pour pouvoir leur opposer des arguments et ne pas sombrer dans la dénonciation facile du complot et la xénophobie. Nous devons continuer à étudier l’Histoire, la politique, la société pour comprendre que quand le Gouvernement nous affirme qu’il n’y a plus d’argent c’est faux, que quand il nous dit que le seul moyen de s’en sortir est de retarder la retraite, c’est un non-sens économique, que quand ils nous répondent qu’il faut revenir sur les 35 heures, c’est nier une tendance historique de l’évolution de la société.
Je pense aussi que nous pouvons, collectivement, écrire une vraie Constitution. J’en avait commencé une ici pour me marrer. Je n’étais pas allé très loin, par manque temps — j’ai la fâcheuse habitude d’être sur 3 projets en même temps, c’est un peu une sorte de drogue, je vous en parlerai dans un prochain article. Bref, j’avais jeté un ou deux articles et quelques idées sans aller plus loin et eu quelques débats enflammés avec des amis de diaspora*. Si ça vous tente de continuer le travail, faites-vous plaisir. Sait-on jamais, pour un peu que nous soyons vraiment en train de rédiger la Constitution de la VIème ?
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http://korben.info/reboot-la-france-vous-etes-des-grands-malades.html