Intelligence partagée

Je n’ai pas la prétention de penser que les communs (GNU/Linux, le Libre, le partage, les Creative Commons) sont la solution à tout et plus important que d’autres combats comme la faim dans le monde ou l’éducation mais je pense que ça va dans le bon sens.

Il y a peu de choses dont je suis fier mais je suis fier de cette communauté, de cette intelligence commune et réunie pour faire en sorte que les choses aillent dans le bon sens. Mais elle a aussi besoin de victoires, d’y croire ou d’avoir sa dose d’espoir. Moi j’ai ma dose d’espoir en lisant le Journal du Hacker (JdH), je vois tous les jours des gens qui écrivent pour aider, faire réfléchir, développer des outils. Et ça ne va pas s’arrêter. Pourtant ça ne me suffit pas, demandez en plus comme dirait l’autre.

On a besoin de communication, de visibilité, d’organisation. Les devs on les a, les idées on les a, la foi on l’a. Mais on n’est pas capable de regarder dans la même direction, de dépasser un certain degré d’organisation. Ce n’est pas une critique, les valeurs qui nous tiennent à cœur recèlent en elles leurs propres limites. Le Libre c’est le partage, comment limiter ça, comment contraindre ça, comment organiser ça ? C’est un non-sens en soi. Moi c’est ce que j’aime, c’est ce que je défends, je préfère le bazar à la cathédrale, je préfère la différence à la pensée unique mais ce n’est pas comme ça qu’on gagne les batailles. Diviser pour mieux régner.

Aucun projet pas même LibreOffice, Linux et Debian ne feront bouger les choses. Un outil ne sert à rien, il ne recèle rien, pas d’âme, pas même de but, c’est celui qui s’en sert qui lui donne du sens. Donnez-moi un tank j’en ferai un food truck, donnez-moi une ogive nucléaire et j’en ferai une œuvre d’art exposée dans un musée et intitulée La peur et le pouvoir ! Présenter du Debian vous vous ferez peut-être jeter 98 fois sur 100 mais vous aurez éclairé les gens sur un autre moyen de faire, une autre manière de penser.

Cela fait longtemps qu’on a les outils, ils ne sont pas parfaits, ils ne sont pas aussi nombreux et simples que ceux de Microsoft ou Google mais il y a un paquet de devs motivés qui y travaillent. Toi derrière ton écran, tout comme moi, on fait quoi nous déjà ?

On s’organise. Parce que critiquer c’est bien mais à ce rythme-là ou plutôt face au rythme des GAFA on va se prendre le mur, et très vite.

Firefox le GROS MOT :

• Perte d’argent et d’énergie dans Firefox OS
• Extensions bloquées
• Ressemble de plus en plus à Chrome
• Plus lent que Chrome, plus consommateur que Chrome

Rassurez-vous il n’y a pas que les gens dans le Libre qui le critiquent tous les jours. Le monde n’est pas parfait, il ne l’a jamais été, il ne le sera jamais.

Alors oui Mozilla fait des erreurs, ils en ont fait, ils en referont. On ne perdra pas encore une occasion d’en discuter dans les commentaires pour savoir sur quels points exactement et comment ils auraient dû faire. Je vous rassure moi aussi j’ai mon idée. Pourtant il va falloir dépasser ça à un moment, il y a quelqu’un qui à mieux à proposer que Firefox ? Parce que critiquer c’est bien mais maintenant il va falloir passer pro et proposer mieux.

Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. La critique est facile, l’art est difficile. Et toi tu en es où ?

Il faut arrêter de croire à un projet, un outil (logiciel), des projets qui défoncent et des devs qui roxxxent on en a à tour de bras. Ce qu’il nous manque c’est de la visibilité, de la communication, de l’organisation. C’est maintenant qu’on en a besoin. Pas dans 2 ans.

Tout ça nous sommes nombreux à l’avoir compris, tout le monde attend déjà ce fantastique projet qui va nous rassembler et où on va tous être d’accord. Il n’arrivera jamais et je n’ai pas mieux que les autres à proposer, parce qu’on n’est pas parfait mais qu’on doit faire avec ce qu’on a et non pas comme ça devrait être dans un monde idéal.

Ce que je vois personnellement c’est de l’intelligence, beaucoup, beaucoup d’intelligence. Mais beaucoup d’intelligence et d’énergie perdue car on se contente de lire, d’écrire un commentaire et surtout on ne va pas s’arrêter demain de suivre, lire, commenter. Mais on ne fait rien de tout ce temps, on apprend, on comprend mais ça reste en nous, pour nous.

Savez-vous comment Google est devenu le roi du monde ? Les cerveaux derrière ont compris que devant l’immensité du contenu proposé sur le web la première chose que ferai un internaute c’est de chercher donc faire une recherche. Après quoi patiemment les algorithmes de Google ont « appris » de nos surfs internet et ont été perfectionnés pour répondre au mieux aux recherches. Il n’a suffi ensuite que de vendre les mots de ces recherches pour devenir immensément riche.

Seulement voilà aujourd’hui ces algorithmes ne sont pas encore capables d’être aussi pertinents qu’une personne comme toi lecteur. Car en vérité la recherche n’a que peu d’intérêt, ce qui en a c’est la recommandation. Que Google me donne Pizza Hut à la recherche pizza je m’en moque totalement quand mon pote me recommande La Pizza de Gino !

C’est là la faille, là où on peut jouer un coup, là où il faut le jouer. Nous ne sommes pas dans un monde parfait, la communauté s’entre-déchire pour des querelles sans réel intérêt. Nous n’arriverons pas à dépasser ce stade. Nous n’en avons pas besoin. Si on ne peut pas être d’accord sur un article ou un projet, contentons-nous de proposer, chacun fera son choix ensuite, chacun choisira dans quelle voie il veut s’engager.

Les idées de la communauté sont nombreuses, bienveillantes, fécondes, si je dois faire confiance en une seule chose c’est celle-là. Il ne reste plus qu’à les servir et le mieux pour ça c’est le Journal du Hacker.

Non ce n’est pas l’outil parfait, non je ne veux pas le vendre à tout prix, c’est juste ce qu’on a de mieux. Quelqu’un à mieux à proposer ?

Je résume donc on a là un point central où toute la communauté peut se rassembler pour découvrir des articles, des blogs, des idées de la communauté. Après quoi chacun choisit les blogs, les idées, les gens, les projets qu’il veut suivre et peut-être qu’un jour il y participera. La recherche permet de retrouver les meilleurs articles remontés par la communauté pour se faire une idée sur un sujet. On vote c’est-à-dire qu’on recommande un article, j’apporte ma « caution » que j’ai trouvé cet article intéressant. On permet d’éclairer les forces de la communauté, on amène naturellement une visibilité sur elles, on fournit un point d’entrée aux débutants, aux journalistes à qui on mâche le travail et on est infiniment plus pertinent que Google, on le court-circuite.

Seulement ça ne me suffit pas. On va faire mieux. Comme tout le monde je m’interroge sur certains sujets, je me documente, je lis et parfois je trouve une perle mais ça reste difficile malgré tout, ça prend du temps. Le Journal du Hacker présente les articles du moment, il y a une certaine temporalité à respecter. Cassons ça et hackons le Journal du Hacker. Toutes les semaines le vendredi Les dossiers du JdH, première semaine : La publicité et la gratuité sur le net (marque web), seconde semaine : la décentralisation (marque décentralisation), pour chaque commentateur deux liens maximum ceux qu’il recommande particulièrement. Instantanément tu as 100 gars qui vont potentiellement te sortir des articles de fous que tu n’as jamais croisé et sans contrainte de dates. Là tu as de la documentation, là tu as les idées, là tu as les armes pour te défendre intellectuellement, là tu as les outils pour mettre en place les idées auxquelles tu adhères. On peut voter et des contacts peuvent naître, des affinités, des échanges, une organisation, une communication et une visibilité que nous n’aurions pas pu avoir ailleurs.

Le beurre, l’argent du beurre et la gentille crémière c’est qu’on se trouve en position de créateur, producteur, distributeur. On maîtrise toute la chaîne d’information, de recommandation, de recherche (dans l’historique). C’est open bar parce que c’est libre, c’est open bar parce que chacun vote donc fais le tri, c’est open bar parce qu’il n’y a pas de raison de s’écharper sur un moteur de recherche ou plutôt de recommandation.

L’intelligence ne se perd plus et ne se disperse plus, le temps passé par une personne de la communauté non plus, chacun trouve les idées qui lui correspondent. Car elle est là notre force, c’est finalement ça notre « outil », nos idées et notre intelligence.