Pourquoi j’ai tourné la page du libre
Bien évidemment je comprends que vous restiez tétanisés face à ce jeu de mots extraordinaire, qu’il vous est difficile de rebondir, mais avant de commencer j’aimerais attaquer par une espèce de disclaimer comme on en trouve dans les albums de RAP trop violent.
- Aucun Linux ne sera victimisé durant ce billet de blog, aucun logiciel libre ne sera battu.
- Il s’agit du parcours d’un individu, c’est une opinion, c’est purement subjectif, c’est aussi en lien avec un contexte un peu particulier qu’on appelle : la vie.
- Ce billet est issu d’une relecture des trois dernières années de mon blog, et c’est un positionnement assez intéressant que de se voir décliner, il était vraiment temps que j’arrête de bloguer. Il y a peut-être une pointe d’ironie dans cette dernière phrase, on me disait il y a peu, tu blogues beaucoup pour quelqu’un qui a arrêté de bloguer. De là à voir une espèce de vague opération douteuse il n’y a qu’un pas, je vous laisse y réfléchir et élaborer une théorie du complot.
- Une fois de plus, il s’agit de mon témoignage, comme je l’ai toujours fait, il est livré sans filtre, il n’y a pas forcément d’attente de commentaires, c’est juste pour te raconter mon histoire.
Les 30 glorieuses
J’ai commencé le libre comme souvent pour les mauvaises raisons. J’ai un passif de Wareziens monstrueux, il y a prescription aujourd’hui, j’avais 8 ans je passais plus de temps à copier les disquettes Amiga qu’à jouer aux jeux. Comme souvent chez moi, j’ai des soupapes, et lorsque ça explose ça ne fait jamais dans la dentelle. Un jour je me rends compte que j’ai des tonnes de CD avec du Warez de 3DS Max, Maya, des logiciels que je télécharge juste finalement pour dire que je les ai, le fameux au cas où, retenez-le bien celui-ci on va le retrouver plus tard. J’ai donc commencé le libre pour de mauvaises raisons, arrêter de pirater des logiciels pour les troquer par des logiciels gratuits. À cette époque, nous sommes au début des années 2000, je ne sais pas ce que c’est que le logiciel Libre, je me contente de classer les logiciels en deux catégories, les logiciels gratuits qu’on ne cracke pas, les logiciels payants qu’on cracke. De façon très obsessionnelle (étonnant), je troque chacun de mes logiciels payants crackés par un logiciel gratuit. Mon premier souvenir de logiciel gratuit troqué, c’est la suite Microsoft Office 1997 par OpenOffice que je n’ai jamais quitté sauf pour Libreoffice, mais comme on dirait dans Conan le Barbare : mais ça, c’est une autre histoire.
J’ai expliqué quelque part que je suis arrivé à Linux par Ubuntu. C’est théoriquement une introduction qui doit hérisser le poil de pas mal de monde néanmoins c’est une vérité qui est indéniable. Malgré la politique souvent discutable de Canonical, malgré les échecs (Unity, les smartphones, Amazon), nous aurons été nombreux à franchir le pas du changement de système d’exploitation grâce à Mark Shuttleworth. J’avais troqué l’intégralité de mes logiciels contre des logiciels gratuits, et c’était donc en toute logique que je passe à Linux, un système d’exploitation gratuit.
On se rappellera que 2008 n’est pas loin, et que le blog est déjà ouvert, et un beau jour, je me prends un billet de blog où je me fais complètement assassiner en ligne. Mais tu vois le genre de truc, le saut de la troisième corde, mais plus haut encore. L’undertaker pour moi s’appelle Christophe Gallaire, professeur de français de son état, un homme dont je dois relire chaque texte douze fois pour comprendre ce qu’il me dit.
J’ai croisé pas mal de gens dans ma vie des gens franchement plus intelligents que moi qui me le faisait sentir sans fausse modestie, des gens qui se croyaient intelligents, de vrais cons et puis des gars qui ne savent pas faire autrement. Christophe, le type que tu dois lire avec un dictionnaire pour comprendre n’était pas pédant pour deux sous, et pour preuve les nombreuses photos qu’il a réalisées des gens dans la plus grande pauvreté, dans le plus grand dénuement, Christophe qui écrit comme il doit écrire parce qu’il écrit comme un livre dans le rayon livre compliqué. Alors forcément quand tu te fais agresser, et que tu comprends pas pourquoi, que tu es quand même Cyrille BORNE c’est-à-dire pas réellement taillé dans la délicatesse, tu réponds par billet interposé des horreurs. On a fait quelques passes d’armes lui me traitait de niais, moi d’intégriste, ça a fini par nous faire marrer, on savait rire avant 2010. Forcément, et c’est typiquement masculin, après une bonne marave on a sympathisé et j’ai grâce à cet homme compris ce que ça voulait dire le logiciel libre.
Christophe est déjà Linuxien et libriste de longue date et m’explique la vie. RMS, le libre, le pas libre qui pue, le fait que je suis complètement stupide et que je n’ai rien compris au logiciel libre car libre n’est pas gratuit. Il m’explique que le pragmatisme dont je fais preuve c’est n’importe quoi, et que le libre se fait sans concession. S’il y a toujours quelque chose que j’ai respecté chez Christophe, entre son caractère de cochon, son écriture magnifique, sa générosité, c’est le fait que la charité dont il faisait preuve avec moi, elle avait bien commencé par lui, il refusait les documents au format propriétaire envoyés par sa hiérarchie et tant pis pour les problèmes. L’idée du zéro compromis face à mon pragmatisme c’est que si tu fais ne serait-ce que la moindre concession au monde propriétaire, alors tu vas faire toutes les concessions. Christophe avait raison, et il aurait certainement fallu l’écouter dès le début, mais nous y reviendrons encore plus loin.
Je suis dans mes trente ans, les enfants ne sont pas encore arrivés, je vis une période professionnelle particulièrement riche et je me radicalise. J’en viens à balancer des routines pour vérifier le nombre de paquets propriétaires que j’ai sur mon PC, je passe à Debian comme les vrais bonhommes, je balance du RTFM à tour de bras, je deviens un gardien du temps à la con à culpabiliser les gens pas assez libres. Dans cette période faste, j’aurais quand même été administrateur du Planet-libre où comme à mon habitude je finis par me fâcher avec tout le monde pour partir faire mes trucs seuls dans mon coin, parce que seul on va plus vite.
la quarantaine rugissante
La quarantaine aura été compliquée et pas forcément comme on peut le croire. J’entends par là que ce n’est pas acheter une Harley et partir avec une fille de 20 ans, c’est le retour dans le sud de la France, le changement d’établissement, des responsabilités informatiques, trop de responsabilités, une maison à retaper, deux enfants, une femme qui commence à cumuler des problèmes de santé importants. Il faut comprendre que la vie m’a largement rattrapé mais c’est plus profond que ça :
- L’informatique me gave de plus en plus, je le vis comme une corvée de par mes responsabilités au lycée avec des collègues qui sont de véritables boulets. Être appelé un dimanche matin par un collègue qui décide d’aller travailler au lycée et qui vous appelle parce que ça ne marche pas, un exemple parmi d’autres. Totalement ma responsabilité parce que je suis le con qui dit oui, j’aurais dit oui à tout, je suis le dernier des grands masochistes, dis moi oui Cyrille cette fois-ci.
- Le bureau Linux, j’en ai largement fait le tour, j’ai moins envie de bricoler et il y a certainement moins à bricoler.
- J’ai pris pas mal de claques au niveau associatif, des gens, j’ai essayé de faire passer du Linux mais finalement on se rend compte que les gens ne comprennent rien à la philosophie. Les gens attendent que vous preniez en charge leur ordinateur, et si c’est sur Linux, c’est pas bien grave tant que vous gérez. Vous êtes le réparateur gratuit, pas celui qui libère du joug de l’oppresseur privateur.
- Dernier point et pas des moindres, Djan Gicquel l’écrit dans un billet dernièrement, le backlink est offert ici aussi, on a quand même franchement la sensation que ça c’est complexifié. De façon synthétique, ce n’est pas le genre de souffrir du syndrome de l’imposteur, j’ai la lucidité de me rendre compte que je deviens une imposture. Les conteneurs, les changements de langage de programmation, la sécurité, je n’ai plus le niveau. Avec ces dernières années, être utilisateur de logiciels libres c’est devenu un métier ou presque, notamment avec toute une partie qui s’articule autour du cloud et des serveurs. S’auto-héberger me paraît une montagne que je ne me risque plus à escalader, même avec Yunohost.
Nous sommes en 2018, et je dois avouer que je vis une période très compliquée de ma vie. Ma femme se fait opérer, ma fille est dans le plâtre, je pars à 5h30 du matin pour arriver en cours à 8h et éviter les gilets jaunes, on se prend des inondations de folie dans le sud de la France, je pars bosser en alerte rouge. Nous arrivons à la fin de l’année, Noël approche, je suis en cours de troisième en train de faire une correction, j’envoie une Alizée corriger à ma place, brave gosse, j’ai besoin de m’asseoir.
Je sais que je ne fais pas de crise cardiaque, mais les difficultés de plus en plus fréquentes à respirer, le mal de dos, la douleur dans la poitrine, je pars à l’hôpital vérifier si je ne fais pas d’attaque pour rassurer ma femme. Test d’effort, rien, je suis en train de faire un burnout, mon médecin me cale six mois d’antidépresseurs pour réussir à réguler mon corps que je ne contrôle plus, une découverte. Les antidépresseurs c’est un truc assez délirant, tu prends tout avec une espèce de recul extraordinaire c’est comme si tu regardais tout de loin.
C’est à ce moment que tu te rends compte qu’il est peut-être temps d’arrêter les conneries. Courir après l’argent (rires), la reconnaissance, ce genre de choses, à quoi bon. Tu réalises que tu es au fond de ton seau, mais que finalement les gens s’en foutent d’avoir contribué à t’envoyer à l’hôpital. Au lycée, j’ai même des collègues qui me suivaient aux toilettes avec leur ordinateur … Où sont-ils ces gens pendant que je suis dans ma chambre d’hôpital à vérifier si j’ai fait une crise cardiaque ou non ? C’est un samedi, je passe la porte de mon chef et je lui explique la situation, je lui dis que je suis sous antidépresseur et que si je tombe raide c’est que je n’ai pas passé une pilule magique. Je pose ma démission de la responsabilité informatique quelques temps plus tard, je perds 12 kilos, j’apprends à dire non, et je commence à me pencher sur la notion de minimalisme sans savoir que ça existe.
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
À la maison j’ai quand même fait des trucs assez délirants. J’ai remplacé la télé par un pi, y compris pour les chaînes de télé, on a des serveurs, des machines virtuelles, tous les postes sont sous Linux et bien évidemment ce ne sont ni ma femme ni mes gosses qui pourraient s’en occuper s’il m’arrive quelque chose. Et c’est ici que tu te rends compte de quelque chose de fondamental, que personne ne te dit quand dans les forums on a l’obsession de la conversion, du librisme, c’est que si tu gères tout, si demain tu meurs, ce sont les autres qui sont dans une merde noire dont tu es l’initiateur. Le libre est avant tout une histoire personnelle, si vous prenez la décision d’être full Linux, d’avoir des trucs bizarres dans tous les sens, soit vous formez les gens de votre entourage soit vous avez une personne à même de reprendre s’il vous arrive quelque chose. En aucun cas vous ne ferez adhérer les gens de force. Énorme surprise pour beaucoup d’entre vous, mais vous êtes mortel, en cas de décès c’est difficile à gérer de base, mourir en sachant qu’on a laissé une situation complexe encore plus complexe, n’est pas acceptable.
Je vire tout. Je repasse les gosses sous Windows, ma femme, je vire tous les serveurs. Les systèmes de synchronisation pour éviter d’être chez Google je vire. Je vire les ordinateurs de trop, je donne, je vends, je fais le ménage dans les machines et les services pour aller à l’essentiel. Aujourd’hui à la maison, il reste en bizarre.
- Des mails avec un dépôt de nom de domaine à gérer. Ça si je décède j’ai des personnes de confiance qui expliqueront à ma femme ce qu’il faut payer. Il faut d’ailleurs que je forme mon fils qui a fait ses 18 ans. Un cpanel ce n’est pas très compliqué.
- Un serveur avec openmediavault pour profiter du DLNA à travers toute la maison.
Et c’est tout. Tout le reste c’est de la technologie de base, avec des logiciels libres ou non, mais de retour à un pragmatisme de rigueur, j’ai envie de dire un pragmatisme responsable.
COVID, COVID, j’irai où tu iras !
Comme je l’ai expliqué précédemment, j’ai mis de l’ordre dans les affaires familiales, mais ce n’est pas une raison pour ne pas être sous Linux à titre personnel. Pendant pas mal de temps je suis sous Elementary OS, une distribution que certains jugent honteuse de par sa ressemblance avec MAC OS, pour ma part, j’ai un système épuré et qui fonctionne. Je n’ai rien à dire contre Linux, c’est satisfaisant, il y a tout de même un seul aspect qui me titille, je l’avais beaucoup évoqué à l’époque c’est la part de RAM consommée par les navigateurs modernes. Il ne s’agit pas d’un problème propre au système d’exploitation, mais un simple constat, j’ai connu l’époque où avec un CORE 2, 2 Go de RAM, tu avais un rendu satisfaisant, j’arrive à saturer mes 8 Go de RAM assez régulièrement. Je suis très perplexe quand je vois des gens recommander Linux pour de vieilles machines. L’idée c’est de dire que l’argument qui consistait à dire que tu prends Linux parce que c’est plus léger est mort, tu prends Linux parce que tu veux du Linux et je crois que c’est important de le comprendre.
Le COVID arrive, le confinement, et comme je l’ai déjà écrit, ma fédération agricole est en partenariat avec Microsoft. J’ai vu beaucoup de gens se casser les dents à cette époque, des gens qui ont tenté de placer leurs solutions libres, essayer de voir une opportunité, les GAFAM ont vraiment raflé la mise. Je ne juge pas, je constate, le succès que continue de remporter Teams aujourd’hui est indéniable. Et justement parlons-en de Teams, de la panoplie des logiciels propriétaires qu’il faut utiliser. Pendant la période de confinement du mois de mars 2020 puisque par la suite je n’ai jamais été confiné, l’école sera ouverte jusqu’au dernier enseignant debout pour faire cours, je travaille environ 70 heures par semaine. Nos élèves sont perdus, ils ne comprennent rien, on fait un assistanat permanent. À cette époque l’utilisation de Teams, notamment le partage d’écran est complexifié, le client Teams pour Linux est merdique, les alternatives au client officiel ne fonctionnent pas correctement. La seule issue c’est l’installation de Windows 10 ou Google Chrome qui gère globalement tout.
J’écrivais plus haut que finalement Christophe avait été visionnaire, en disant que lorsque tu commences à faire un compromis c’est déjà trop tard. À cette époque j’ai un compte Insta, Facebook, j’ai fait un compte Snap pour pouvoir récupérer les enfants et les faire venir sur les plateformes qui vont bien, je suis utilisateur de Teams et de la suite Office365, quel sens trouver à avoir un système d’exploitation libre sur son PC ? J’ai envie de dire que pour moi, j’ai senti que c’était perdu d’avance quand on a enterré FirefoxOS et que nous avons tous ou presque un smartphone Android ou Apple dans la poche. Ils sont encore quelques-uns à refuser le système et avoir des téléphones dits pas intelligents dans la poche, ils sont rares et je les salue dans leur conviction et dans leur façon de les appliquer. Je pourrais difficilement me passer de smartphone aujourd’hui. Moraliser les gens quand tu as ton téléphone Google, se cacher derrière l’utilisation de F-DROID, je pense qu’il faut réfléchir un peu à ses paradoxes, mais c’est encore une autre histoire.
Je suis sous Windows 10 depuis maintenant mars 2020 cela fait quasiment un an, ça sera le mois prochain. Si vous avez eu la patience de lire depuis le début, vous comprendrez que le cœur, l’envie, la volonté mais surtout l’utilité n’y sont pas pour un retour à Linux, notamment tant que j’aurais à devoir utiliser des services propriétaires et que je n’ai pas envie d’aller expliquer à ma hiérarchie que tel service est RGPD proof ou non. La pandémie, catalyseur de tout n’a pas fait sortir que le pourri chez l’homme où l’on se bat pour des rouleaux de papier toilette. Même si chez certains le acheter français, local, chez son commerçant plutôt que sur Amazon est retombé, chez d’autres, la crise COVID aura été un profond bouleversement au point d’envisager un retour à la terre, un changement de métier moins bullshit job, un changement de vie tout simplement. Plus de simplicité, moins de consommation, plus de valeurs.
Parmi les grands perdants, certainement la liberté informatique qui je pense doit s’inscrire dans un mouvement plus large, celui de l’éthique. Les gens reclus chez eux ont pu continuer de travailler grâce à Microsoft, communiquer grâce à la tripotée de services de Facebook et de Google, se divertir grâce à Netflix, Youtube et les gros acteurs du jeu vidéo, consommer grâce à Amazon. Le libre informatique est certainement passée à la trappe, et j’ai envie de dire que c’est peut-être plus sain. Quel est le plus important ? Avoir sa mère grâce à un GAFAM ou ne pas appeler sa mère parce qu’un GAFAM va piller des données personnelles ?
J’suis pas là pour un buzz éclair mais pour l’infini et au-delà
En ce mois de février 2021, comme je l’ai expliqué plus haut, j’ai largement simplifié ma vie. J’ai par exemple purgé l’ensemble des réseaux sociaux, et j’ai fait aussi preuve de minimalisme avec les personnes. Comprenez que j’ai viré des objets en pagaille, des objets qui auraient pu servir au cas où, mais aussi des gens. Je prends le temps d’appeler quelques personnes bien ciblées, un temps que je consacre intégralement à ces personnes, et pas un simple post facile d’une photo en attendant les likes. Pour moi, c’est plus important aujourd’hui d’aller marcher dans la Clape, de m’occuper des miens, les vrais, ceux qui comptent. J’essaie de limiter le nombre de services, le nombre d’objets, afin de me faciliter la vie. Je fais une réflexion sur les gens qui diminuent leur garde-robe pour porter toujours les mêmes vêtements, de façon à s’alléger encore, dans une charge mentale toujours plus lourde chaque jour. La vie c’est pas du gâteau, même quand tu essaies de faire simple, tu as toujours un problème, un événement, une contrariété, un imprévu. Sans vous donner espoir, si je suis chaud et selon comment ça tourne, je vous raconterai l’histoire passionnante de la dame qui vient d’acheter la maison mitoyenne à la mienne et qui a décidé sans m’avertir ni la copropriété de monter les murs de un mètre pour faire une terrasse à trois mètres du sol. Pourquoi faire alors rentrer un Linux dans la partie ? Pourquoi se casser la tête ?
Il pourrait y avoir au moins une raison, une seule raison valable. Si vous regardez l’internet d’aujourd’hui, l’informatique d’hier, tout a changé du tout au tout. Aujourd’hui les blogs, l’actualité gratuite de qualité c’est mort, il faut décrypter pour savoir si c’est de la pub, ou sinon il faut payer pour s’informer. Les services gratuits hier, maintenant qu’on a bien ferré le poisson, deviennent de plus en plus limités, Google photo pour ne citer que lui, on sent l’étau qui se ressert de plus en plus autour de l’utilisateur. Les forfaits qui étaient à vie, on découvre que à vie c’est pas si long, je viens de voir passer mon forfait Bouygues de 5 à 8 € pour une DATA supplémentaire que je n’ai pas demandée. On sent de façon pressante que le client n’est plus le roi, et que l’avenir informatique s’annonce sombre, un avenir qu’on se doit de subir. Sachant que Windows 10 c’est Redmond et qu’une société n’est pas là pour faire de la philanthropie mais du business, on voit que Microsoft s’oriente de plus en plus vers le as service, et de moins en moins comme développeur de système d’exploitation. Sans savoir quel sera le coup du cutter dans le contrat qui sera réalisé, la porte de sortie s’appellera certainement Linux. Si dans le contexte actuel je peux la prendre le plus tard possible, ça m’arrangerait bien.
Je tiens à saluer toutes les personnes que j’ai été amené à croiser, compagnons d’un jour ou d’une année. Le monde de Linux est constitué de personnalités riches, de gens engagés. Bien évidemment les abrutis ne manquent pas, souvent ils font plus de bruits et sont plus visibles que les autres, mais j’ai envie de croire que cette fameuse majorité silencieuse c’est bien la représentante du côté positif de la force.
Ce qui me manque actuellement le plus dans l’absence de blog, oui je ne blogue plus, c’est le RAP. Il faut que je trouve un moyen pour parler de RAP. Je vais donc conclure en RAP, même si j’ai déjà attaqué car la phrase avec Buzz l’éclair est issue de la dernière chanson de Youssoupha, astronaute une chanson toute en élégance sans vulgarité et qui montre une fois de plus la qualité des textes de l’artiste. Nous nous quitterons finalement avec Damso, donc pour l’absence de vulgarité c’est raté. La chanson c’est graine de sablier, une histoire de temps qu’on aimerait manier. Il y a quelque chose que j’aime bien chez Damso, c’est cette façon de tout gâcher, des textes très classes des vraies punchlines pour finir dans une vulgarité dégueulasse. J’aime les autodestructeurs. À bientôt ?
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Déjà 27 avis pertinents dans Pourquoi j’ai tourné la page du libre
Les commentaires sont fermés.
Et je ne suis pas déçu C’est pas pour le rap que je vous lis, mais pour votre franc-parler.
À bientôt ?
Bon, va falloir vraiment arrêter de poster sur ce blog! Tu es un blogueur à la retraite.
je dois dire que j’adore ton article et que ça m’a fait un bien fou de le lire.
J’ai tendance à penser que tu ne quittes pas vraiment le libre, mais plutôt que tu as redéfini tes besoins. Tu prends en considération que rien n’est éternel et que la relève ne suit pas forcément la même voie que toi, donc tu t’adaptes.
Je te rejoins également sur cette phrase « En aucun cas vous ne ferez adhérer les gens de force ». J’ai essayé il y 5 ans (je suis un petit jeunot qui a connu Linux il y a 6 ans en commençant par Ubuntu La Licorne Utopique, comme quoi) et évidemment cela n’a rien donné, il faut que la personne s’y intéresse de son plein grès comme tu le dis si bien.
J’ai remarqué aussi que les blogs ont de plus en plus adopté la publicité et l’abonnement mens(tr)uel : c’est dommage (perso je passe mon chemin et je RTFM de mon côté si le sujet m’intéresse vraiment). Je n’ai rien contre les métriques cela dit, même si la majorité vienne de Google Analytics (je suppose que le bloggeur/responsable du site web a défini un besoin et a trouver « juste », voire « plus simple » de googliser ses lecteurs).
En tout cas, merci pour ton article !
Merci pour ce témoignage très personnel est assez bouleversant pour ma part. Ironiquement, bien que tu parles de choses très personnelles, c’est l’affiche « De battre mon coeur s’est arrêté » qui m’a embué les yeux pour ce que ça soulève : un retour aux sources, la déconstruction d’une histoire personnelle et une envie de simplicité humaine (je crois que c’est le « sous-entendu » de cette affiche à cet endroit). Le fil de nos vies s’entremêlent naturellement et en regardant notre « pelote de vie » on ne peut savoir ou sont les noeuds avant de commencer à remonter ce fil. ça demande de plus en plus de courage à mesure que le temps passe et que l’exercice n’est pas fait régulièrement (d’autant plus dans le contexte actuel).
C’est dommage que sebsauvage n’est pas posté son commentaire ici car il est intéressant. Il trouve que Linux lui apporte plus de simplicité que Windows et il a un argument qui me parle : il faut former de toute façon les utilisateurs néophytes, quelle que soit la solution choisie (ou les solutions). Il évoque le nombre hallucinant de trackers dans les moindres couches de Windaube et ça c’est trop d’information à gérer pour un admin qui doit former des utilisateurs ou futurs admins. Il reste lucide sur ce point en disant qu’on ne peut se construire une cathédrale (j’aurai dit un bastion) pour s’enfermer dans la même démarche « privative » (ou exclusive). Et je mets le bémol sur ma tournure : Linux et WIndows n’ont absolument rien à voir dans leur philosophie mais quand on présente ça à des amateurs : ils s’en foutent de la philosophie au début – au mieux ils ne peuvent la comprendre d’un coup d’un seul et les enfermer dans un environnement qui ne peut pas correspondre à leur besoin est un risque pour la suite.
Ceci dit, j’admire la communauté du libre dans son ensemble pour tout ce qu’elle m’a apporté et j’espère faire partie de cette majorité silencieuse qui la promeut pour de bonnes raisons. Pour moi, le risque est trop grand de favoriser Windows ou autres consortiums capitalistes (ça devient compliqué vu comment ils infiltrent le monde du libre). Je l’utilise encore un peu (les jeux me retenaient encore un peu mais je ne joue plus donc il ne boot quasiment plus ici et la relève est là pour Linux, même si c’est pas parfait – on s’en doute).
Bref, j’arrête mais le coeur y est.
Paradoxalement ce sont les gens vraiment hermétiques/néophytes à l’informatique, et qui donc n’ont aucun des préjugés sur Linux qui datent d’avant la naissance de l’utilisateur de TikTok moyen, qui sont les plus ouverts. Tu leur fous une machine avec une config de base, les 4-5 softs qui seront 99% de leur usage de la machine, et c’est plié. Bon par contre si vous voulez faire de la production audio…
Le libre, pas seulement le logiciel, c’est des valeurs et donc, pour moi, ça peut se pratiquer sans ordinateur.
L’intégrisme, c’est un passage plus ou moins obligatoire mais qui permet de prendre conscience des nuances. Par contre, on vit dans un monde avec des injonctions qui pleuvent. Celui qui vit en parfait accord avec ses valeurs peut me laisser son mail parce que j’ai pas encore trouver le mode d’emploi.
Au final, dans sa pratique du numérique, on y trouve parfois la passion qui consomme du temps. Ensuite, on trouve d’autre priorité et c’est là qu’on doit faire un choix. C’est une décision personnel.
On verra comment les choses évolues mais je reste inquiet sur l’avenir, l’emprise des GAFAM et autres sur notre monde, pas uniquement le monde « virtuel ». Ces entreprises sont en train de façonner notre monde … pour le moment, j’ai du mal à voir le positif.
Sur la pratique du numérique, je crois qu’on va dans le mur. L’outil qui devait nous soustraire aux tâches répétitives nous fait devenir des robots contrôler par de plus en plus d’algorithmes qu’on entretient par un scientisme technologique omniprésent.
Je crois qu’il faut penser à revenir à une sobriété dans ses usages. Effectivement, on nous vend un coté pratique pour tout, mais bien souvent c’est loin d’être indispensable.
Quand une personne à la retraite veut lire ses mails sur son smartphone, je comprends pas l’intérêt ni le progrès. Consulter son compte en banque à la minute en attendant que le fils d’un prince nigérian nous fasse un virement. Des exemples, on peut en trouver encore et encore et certainement plus pertinents.
Les valeurs du libre n’ont pas disparu et je pense qu’elles se diffusent progressivement. Dans les usages, c’est différent mais faire croire qu’utiliser GNU/Linux c’est le Graal basé simplement sur une affirmation.
Le libre n’a pas réussi à construire la transformation numérique du monde, pour de bonnes et de mauvaises raison.
En tout cas, c’est un parcours et c’est bien de pouvoir le comprendre. Les arguments peuvent être discutés mais il y a une réflexion derrière et ça m’inquiète moins que certains discours pro libriste.
Ouais on a ça depuis plusieurs années, ça restera comme ça. Le prochain changement ce sera PluXml ^^
Tcho !
Bel article.
Bon courage
« La vie c’est comme une boîte de chocolat » comme disait ce grand penseur… Forrest Gump !
bosser un peu le template, ca serait pas mieux?
Tcho !
Non, pas du tout, tu joues à ce yoyo depuis des années en fait 😉
Ça pique parce que je comprend TOUT… (sauf le RAP, faut pas déconner)
Il me semble normal de privilégier les vieilles connaissances et il est important de maintenir certains liens précieux, car la vie en bonne garce qu’elle est a vite fait d’ouvrir ses oubliettes
Dommage pour le forum où il y avait souvent une astuce à glaner et des réponses à des questionnements divers et variés.
(Et aussi des connaissances de longues dates)
De fait j’y suis resté, sans jamais ouvrir mon bec, non pour linux et ses multiples chapelles qui furent toutes explorées par Cyrille, mais de plus en plus pour les tranches de vraie vie bornienne.
Depuis quelques semaines j’ai maudit mon lien vers mon blog unique et préféré car il ne m’envoyait plus vers les pages pleines de vie et de fureur que j’avais pris l’habitude de consulter quotidiennement (ceux qui n’ont pas vécu la saga du trou à caca de St Pierre, ou les affres de la voiture plus forte que toutes les intempéries du sud, ne peuvent pas comprendre).
Enfin ! Je viens de trouver ma dose de littérature bornienne. J’ai bien cherché et la récompense est à la hauteur des efforts fournis
Et même si je sais bien que je lis là les dernières lignes de mon blogueur préféré, je suis content.
Bonne route Cyrille, tu vas me manquer.
on va tout de me faire un petit rappel , dans l’ancien temps les journaux disaient bien
PC – ordinateur personnel ( compliqué s’il doit toujours être à usage familiale )
de mon côté j’ai bien fait un choix en 2016 ( quitter apple depuis 35 ans ) , et aller du côté linux , cela reste d’abord un choix personnel qui l’on doit assumer par la suite.
ce qui a beaucoup évolué depuis 2008 , concernant Microsoft , Gafam & Apple , c’est quels sont leurs apports dans le domaine humain ?
le mail existe depuis les années 80 , les mails lists aussi est-ce pour autant qu’ils améliorent les relation avec l’être humain ?
le passage a l’internet ( libre , au sens de mettre tout et surtout n’importe quoi en terme de contenu ) à partir des années 95 n’a rien arrangé depuis et les « réseaux sociaux » ne cherche qu à piéger les utilisateurs sur leur contenu , rien qui ne soit utile et complémentaire dans ce que nous en attendions tous.
l’informatique a un problème , qu’il ne parvient jamais a résoudre :
le temps nécessaire passé derrière un écran à développer/améliorer ou corriger , ce temps ne s’arrête jamais , alors comment pouvons nous ensuite eviter que les personnes passent trop de temps derrière le moindre écran ?
( et j’en fait toujours partie , même si c’est derrière un ordinateur )