Annonces de départs de X.com et mémoire des victimes de la Shoah

Je savoure les annonces et billets de blogs annonçant le départ de X.com des journalistes, politiques et stars du web. Il était temps et il vous aura fallu l’élection de Trump, un salut nazi de Musk et l’annonce de Zuckerberg que « l’énergie masculine en entreprise, c’est bien« .

Ca fait plus de 15 ans que je blogue, que je parle du numérique et de son influence sur nos vies. J’avais écrit un billet il y a fort longtemps dans lequel je disais que je ne répondrais plus aux emails de personnes utilisant Gmail. Pure provocation certes mais le fond était tellement vrai. Puis de nombreux autres billets ont suivi sur la perversité de Facebook, d’Instagram et de tous ces réseaux sociaux centralisés détenus par des géants du numérique étasunien et chinois (pour TikTok) qui détruisent notre psyché, notre attention, notre temps libre, notre temps de lecture de livres, etc, et qui passent leur temps à nous voler notre vie privée et nos données intimes.

Twitter devenu X est l’exemple ultime d’un outil au service de la haine, du racisme et du fascisme entre les mains d’un milliardaire homophobe, raciste et libertarien. X est le caniveau du numérique, la poubelle d’internet.

Ce jour, le 27 janvier 2025 est la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah. Nous commémorons la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau il y a 80 ans et la mémoire des victimes de la Shoah. A une époque où tout va vite et tout défile il faut revenir aux fondamentaux : l’Histoire.

L’Holocauste n’a pas commencé avec les chambres à gaz d’Auschwitz.

Il a commencé avec des politiciens qui divisaient la population en opposant « nous » à « eux ».

Il a commencé avec l’intolérance et les discours de haine.

Il a commencé lorsque les gens ont cessé de s’en préoccuper, se sont désensibilisés et ont fermé les yeux.

Le défilement des tweets de X, des vidéos TikTok ou du fil Facebook nous désensibilisent au réel. On peut voir des insultes et des menaces contre les femmes, contre des minorités ethniques ou sexuelles. On peut lire des messages frauduleux sur le réchauffement climatique qui n’existerait pas ou sur la 5G dans les vaccins. On peut écouter des discours mensongers d’hommes et de femmes politiques sans aucune modération. Sur ces plateformes, le faux côtoie le médiocre, la stupidité la haine. L’anonymat favorise les comportements de vautours et de prédateurs.

Devenus insensibles, une partie d’entre nous est devenue intolérante et catégorise le monde en bien et mal, en eux contre les autres.

C’est ça le début du fascisme : simplifier le monde à outrance, promouvoir une idée qui résoudra tous les problèmes. Virer les étrangers et les musulmans, couper les impôts qui étouffent les classes moyennes et les plus riches, faire payer les pauvres, « quand on veut, on peut ».

Voilà les messages dans lesquels nous baignons, promus par les pires réseaux sociaux sans modération ainsi que des chaînes TV d’opinion comme CNews, des journaux comme Le journal du Dimanche ou des radios comme RMC et Europe 1.

C’est oublier que le monde est complexe, que nous sommes complexes en tant qu’être humain, que la vie est un enchevêtrement de choix, de carrefours, de décisions plus ou moins rationnelles. Pas un message de 256 caractères ou une vidéo de 30 secondes.

C’est l’histoire d’une Société qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Au fur et à mesure de sa chute, certaines et certaines se répètent sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage au pays du fascisme.*

Et pour finir une définition pour ne pas oublier de quoi on parle : le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême. Mouvement d’extrême droite révolutionnaire, il s’oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme des moeurs. On peut rajouter les éléments suivants qui le composent : militarisme, culte du travail, politique nataliste, volonté de « former » la jeunesse,domination d’un parti unique, admiration inconditionnelle vouée au chef.

Ca fait envie, hein ?

* citation librement inspirée du film La haine.